Le prix de la Fondation Ghazal pour la prévention des conflits et la paix au Liban, en collaboration avec la Fondation de France et la Fondation Vivre ensemble, a été décerné à March Lebanon. La cérémonie a eu lieu le samedi 17 décembre à l’auditorium François Bassil, campus de l’innovation et du sport, à l’Université Saint-Joseph.
Ce prix a été attribué à March Lebanon pour ses projets visant à promouvoir la réconciliation et la consolidation de la paix en engageant des jeunes marginalisés de Tripoli et de Beyrouth dans le but de les détourner des conflits et de construire des liens entre eux.
Michel Ghazal, président de la fondation, a rappelé qu’« une des actions marquantes de March a été d’aider à renouer le dialogue entre les combattants de Jabal Mohsen et Bab el-Tebbané (à Tripoli). (…) Beaucoup d’entre eux ont fait de la prison. Et à leur sortie, plutôt que de les rejeter, les bannir et les juger comme le fait la société, March s’est fixé l’objectif de les accueillir et de les écouter ».
Il a ajouté : « Toutes les activités de March avec les jeunes aident non seulement à accroître leur sentiment de dignité, de fierté et d’estime de soi, mais aussi à favoriser la coexistence et le vivre-ensemble, ce qui contribue à la prévention des conflits et à la paix civile. »
Dans son discours, Léa Baroudi, fondatrice de March Lebanon, a abordé les débuts difficiles et les progrès qui ont eu lieu au cours des années, mais surtout les partages enrichissants entre l’équipe et les jeunes. Elle a raconté comment, après de longs mois d’essais et de tentatives, elle avait finalement réussi à convaincre 16 jeunes anciens combattants des deux quartiers ennemis à jouer dans Love and War on the Rooftop, une pièce de théâtre inspirée de leurs vies déchirées par la guerre. « En les écoutant, j’ai compris que les racines des conflits n’étaient pas idéologiques : des communautés entières ont été écartées de la carte du développement du pays et sont totalement marginalisées. »
Le voyage de March a véritablement commencé avec l’ouverture de deux cafés culturels sur d’anciennes lignes de démarcation à Tripoli et à Beyrouth pour réunir les jeunes de différentes communautés. « Aujourd’hui, à Tripoli, notre projet s’est transformé en un mouvement social qui s’agrandit grâce à leurs efforts. D’anciens combattants et ennemis sont devenus des militants : créateurs de mode, menuisiers, artistes, ouvriers du bâtiment ou cuisiniers… »
À la fin de son discours, Léa Baroudi a convoqué quelques jeunes de Tripoli et de Beyrouth afin qu’ils partagent leurs témoignages et leur parcours à March : « J’avais l’habitude de commencer une bagarre au moindre désaccord jusqu’au moment où j’ai rejoint March », déclare F.M., 33 ans, devenu barista à Tripoli. M.L., 27 ans, également de Tripoli, a fait de la prison après les combats avec Jabal Mohsen dont il « détestait » les habitants. « Quand j’ai rejoint March, j’ai pu tisser des amitiés avec les jeunes de Jabal Mohsen », témoigne-t-il. Autre ancien combattant de Tripoli, B.N., 28 ans, détestait l’armée jusqu’au moment où il a rejoint March. « J’avais l’habitude de déraciner les plantes, mais aujourd’hui, je plante des graines », dit-il.
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